mercredi 21 janvier 2009

La France des années 1930

Quelques chansons qui font référence aux difficultés économiques. Chansons sociales et politiques aussi. Sur des airs de l'époque, bien sûr!

1933:
"Dollar" est une des rares chansons au discours clairement social et politique qui, en cette époque de crise économique et de scandales financiers, connaît un succès public.

1934 :
"On n'a pas tous les jours vingt ans". C'est bien à un public populaire d'ouvriers, sujet de ses chansons, ici des petites couturières, que s'adresse Berthe Sylva, avec souvent l'idée de l'acceptation de sa condition. Cette vision idéalisée de la vie d'atelier, les ouvrières s'entendent bien et le patron n'est pas si méchant, se résume au bon sens commun qui exalte les petits plaisirs d'une vie laborieuse : le verre de porto, la sortie au bord de l'eau.

1935 :
Enregistré par Ray Ventura et ses Collégiens en 1935, "Tout va très bien madame la marquise" devient rapidement un énorme succès. Le contexte national, les suites de l'affaire Stavisky, les manifestations de l'Action Française, et international, les menaces de guerre venant d'Allemagne et d'Italie, particulièrement sombre n'est pas pour rien dans la faveur du public pour cette chanson sketch au catastrophisme optimiste. Bientôt le titre de la chanson devient l'expression obligée dès qu'il s'agit de parler de politique. "Tout va très bien madame la marquise", premier grand succès de Ray Ventura, marque également le début de l'engouement pour les orchestres chantants.

1936 :
"Quand on s'promène au bord de l'eau" est interprété par Jean Gabin, sur un beau travelling le long de la Marne, dans le film de Julien Duvivier, "La Belle équipe", sorti en 1936. Une bande d'amis, ouvriers et chômeurs, gagnent à la loterie et décident de construire ensemble une guinguette. L'idéal communautaire tourne ensuite au drame. "Quand on s'promène au bord de l'eau", valse musette, qui se rattache au genre des chansons de guinguette, est un véritable condensé des aspirations au bonheur des classes populaires à l'époque. Film et chanson sont considérés à posteriori comme particulièrement emblématiques de l'esprit du Front Populaire.

1937 :
Autre grand succès de l'orchestre chantant de Ray Ventura, "Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine" est d'une inspiration analogue à celle de "Tout va très bien madame la marquise". "Ca vaut mieux que d'attraper la scarlatine" peut être mis en regard de l'instabilité politique et de la montée des périls à la fin des années 1930 : l'allusion au trombone qui joue "Le Régiment de Sambre-et-Meuse" n'est peut-être pas innocente. L'humour utilisé est lui aussi révélateur des idéologies de l'époque : en particulier vis-à-vis des femmes, des juifs et des homosexuels.

1938:
"Comme tout le monde" est, avec "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux", l'autre succès interprété par Ray Ventura et ses Collégiens dans le film "Feux de Joie". La trame du film (à la fin du service militaire, une bande de copains musiciens reprennent un hôtel sur la Côte d'Azur) est taillée sur mesure pour l'orchestre chantant. Le groupe fonctionne pratiquement comme une allégorie sociale, image d'une communauté unie au-delà des travers du quotidien, sur fond de bonne humeur et sur un tempo de valse.

1939 :
"Il travaille du pinceau": le peintre, c'est Hitler. Allusion à son passé d'artiste peintre raté que fut ce dictateur à ses débuts, avant 1914. Une chanson qui se veut drôle, mais curieusement assez réaliste pour l'époque. Un portrait du Furher bien croqué.


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